Je me préparais à sortir avec mon copain de l’époque et nous devions aller retirer de l’argent au guichet automatique. Puisqu’il n’y avait que deux machines distributrices, nous en avons chacun prit une. Deux personnes, un homme et une femme, apparemment des inconnus l’un pour l’autre, attendait leur tour derrière nous.
Je dois ici te mettre en contexte. Mon copain-au-drôle-de-nom (je ne le mentionnerai pas ici par respect…mais tu sais, le genre de nom français pompeux..) avait une réputation plutôt douteuse au sein de ma famille et de mes amis. Alors qu’il maintenait à qui voulait l’entendre qu’il était un futur avocat (oui, oui...il étudiait à l’université depuis plus de sept ans et sa première session se terminait sous peu!), mes proches tendait à n’y voir que sa personnalité lunatique, pour ne pas dire sa lenteur, quelque fois.
Nous terminons donc nos transactions au guichet automatique et nous quittons la banque alors que les deux personnes prennent chacune place a une des deux machines. Alors que nous nous dirigeons vers la sortie, je m’enquière du montant d’argent que mon copain-au-drôle-de-nom a retiré. Devant sa réponse me confirmant mes craintes, soit qu’il a retiré un montant largement insuffisant, je lui en fais le reproche, exaspérée. Une fois à l’extérieur du bâtiment, poursuivant notre discussion, mon copain-au-drôle-de-nom réalise, bien sur, la justesse de mes propos et nous retournons vers la banque. A notre entrée, nous surprenons la dame en plein monologue. L’homme, quant à lui, nous voit entrer du coin de l’œil et affiche un air de gêne importante. Il faut dire que la demoiselle, qui ne nous a toujours pas entendu entrer ou aperçus, y va de son imitation, plutôt douteuse si tu veux mon avis, de ma discussion avec mon copain-au-drôle-de-nom : « ben la…t’as pas sorti assez d’argent…franchement…pis bla bla bla! ». Prenant un plaisir vicieux à cette situation (bon bon, comme si tu n’y aurais pas pris plaisir!), je m’appuie sur le comptoir avec un petit sourire en coin, sachant que l’expression de l’homme me trahira sous peu. Lorsque qu’enfin la coupable comprend que quelque chose ne va pas, elle se tourne vers moi avec la bouche pleine d’excuses. Elle m’apprend d’ailleurs qu’elle aussi « chiale » toujours contre son copain. Pour ma part, je me contente de la regarder, toujours en souriant, et je lui mentionne simplement qu’elle a l’air drôlement épaisse.
Une fois ce petit incident terminé, nous nous dirigeons vers la pharmacie afin d’y faire quelques achats. Une fois dans l’établissement, mon copain et moi nous séparons et vaquons chacun à nos emplettes. Au bout d’environ 15 minutes, je me mets à la recherche de mon copain-au-drôle-de-nom. Sait-on jamais, il pourrait s’être perdu! Aussi, je le trouve rapidement puisqu’il est facile à repérer. En effet, alors qu’il est au début de la trentaine, il a les cheveux complètement poivre et sel, ce qui n’est tout de même pas commun a cet âge. De plus, il n’est pas très grand. Je le trouve donc dans la rangée des shampoings à examiner attentivement les bouteilles colorées (je me demande ce qu’il cherche…). Je décide donc, histoire d’embarrasser un peu son côté prude, de lui faire subir un « Pouet », petite taquinerie que je lui fais habituellement a la maison et qu’il déteste suprêmement. Le « Pouet » consiste à lui enfoncer mon majeur dans ce petit endroit ou le soleil ne brille jamais, tout en lui criant joyeusement « Pouet! » lorsque l’arme d’occasion atteint sa cible. Je procède donc à l’offense, me délectant à l’avance de l’air mi-offusqué, mi-embarrassé qu’il me fera et que j’effacerai rapidement d’une petit baiser (je ne suis pas un monstre, quand même!).
Alors l’impensable arriva…
Tu sais, ce genre de moment qui se passe au ralenti, ou tu réalise qu’il va arriver quelque chose que tu ne veux pas mais que les gestes se passent plus vite que les réflexions ramollies de ton cerveau apeuré. Ce genre de moment que tu regrettes déjà alors qu’il n’est pas encore tout à fait terminé. Ce moment pour lequel tu grimaces toujours dix ans plus tard, quinze ans plus tard, trente ans plus tard lorsque tu y repenses. Ce genre de moment, enfin, qui n’arrive qu’a cette gourde malchanceuse dans l’émission « Beautés désespérées ».
Ce n’était pas lui…
Me voila donc devant un homme que je ne connais pas du tout, qui se tourne lentement vers moi avec une expression d’horreur la plus totale sur le visage. Et moi, le doigt coupable toujours pointé outrageusement vers son popotin, réalisant lentement mais surement que je viens probablement de dépuceler ce monsieur.
Un ange passa…ou dans ce cas-ci, peut-être un démon…
Alors que je m’apprête à 1) me confondre en excuse des plus plates, 2) vomir et 3) me mettre à pleurer et/ou rire convulsivement, voila-t-y pas que mon copain-au-drôle-de-nom se pointe dans la rangée et, voyant la scène, éructe un « qu’es-tu fais la?! ». La, c’est trop. Je lui réplique que j’foure-mon-doigt-dans-l’cul-du-monsieur-me-semble-que-c’est-clair! puis je hurle de rire, lâche quelques gouttes d’urine dans ma culotte, m’excuse envers l’inconnu et quitte dignement la pharmacie.
Ppppfftttt…elle a vraiment eu l’air épaisse, la fille du guichet!